Tous les ingrédients d'un bon Kennedy et la première moitié du livre en est digne.
Jane, est marquée par le sceau de la culpabilité depuis ses treize ans. Son père a le "courage" de prendre pour prétexte les paroles d'une adolescente pour fuir une vie qui l'ennuie. Sa mère ne le lui pardonnera jamais. Dès lors, elle se sent responsable de tout ce qui lui arrive (et il va lui en arriver!)
L'héroïne est attachante et pour ce qui est du récit de sa vie étudiante, de son premier amour avec un professeur, les pages s'enchaînent pour une lecture agréable. D'autant que l'auteur est cultivé, sa connaissance du milieu universitaire et de la littérature américaine donnent même un accent "Lodgien" à cette partie.
Quand Jane devient trader, on se dit pourquoi pas. Quand le FBI s'en mêle, cela commence à faire beaucoup! Mais, on se dit aussi, ne soyons pas trop "franchouillarde" à vouloir entrer les êtres dans une case. D'ailleurs, voilà qu'arrivent une nouvelle histoire d'amour et la maternité tandis que Jane est professeur de littérature à la fac (ce qui lui sied mieux.) Les pages redeviennent légères.
Puis, l'auteur a envie de nous parler cinéma, qu'à cela ne tienne : les prochains coups du sort viendront d'une méchante productrice qui lui vole son compagnon et pas que ...
C'est là que le bât blesse : Douglas Kennedy a voulu parler de tous les thèmes qui lui sont chers et il reste : la fatalité, la psychanalyse, la maladie, l'alcoolisme,... le tout avec du suspense qu'il maitrise plutôt bien au demeurant.
Ce qu'il impose ensuite à Jane comme épreuve justifierait le titre et devrait clore le roman.
Mais il veut un "happy end" et une rédemption pour son héroïne. Quel dommage que le plus frenchie des auteurs US ait fait dans le "too much" d'un scénariste de série B! La dernière partie au Canada avec enquête policière, énièmes péripéties "incridibles" loin de relancer le livre, le plombent et les dernières pages sont très lourdes à tourner.
A lire si l'on est fan absolue de Kennedy ou que l'on apprécie les destinées aux multiples rebondissements. Il y a moins bon dans sa bibliographie mais il y a surtout bien meilleur (cf. les autres articles sur ce blog)
Inès-Marie