Inconnu à cette adresse ***** de Kressmann Taylor

 Un roman  "Intelligent"


Il s’agit de l’histoire de deux amis : Martin Schulse, un Allemand, et Max Eisenstein, un Juif américain. Voilà des années qu’ils sont associés à San Francisco dans une affaire prospère de commerce de tableaux, "La galerie Schulse-Eisenstein", quand Martin, au début des années 30, décide de retourner dans son pays. La correspondance entre les deux amis commence le 12 novembre 1932 et s’achèvera le 3 mars 1934.

Ce petit roman est bref, efficace, machiavélique. Je vous promets une excellente soirée en sa compagnie.
Le dénouement est génial.
On y retrouve l'être humain avec ses faiblesses, son égocentrisme. On y retrouve aussi la vengeance, la compromission, la fierté. On aimerait en haïr un, plaindre l'autre et en fait on pourrait être l'un ou l'autre.

Caro

(c) Inconnu à cette adresse ***** : Une critique littéraire indépendante des "nénettes-on-net"

Comments

[ananas]

Ce livre est très bien, mais je pense qu'il manque peut-être un petit quelque chose.
Je viens moi-même de publier mon avis sur mon blog.
Joli blog et bonne continuation :p

[Hachem]

J'ai bien aimé cette nouvelle pour toutes les raisons qui ont été citées. Comme Inès,,j'admire l'intelligence avec laquelle a été menée la vengeance "juste" ainsi qualifiée par NINI. Il est vrai
"qu'on retrouve l'être humain" dans cette histoire mais je ne suis pas d'accord avec Caro quand elle dit qu'on peut être l'un ou l'autre. Perd-on vraiment tout contrôle et tout jugement quand on
suit une idéologie quelconque? Martin pouvait choisir et il ne l'a pas fait. Il a préféré le pouvoir à l'amitié.
Pour moi l'amitié est bien définie dans l'extrait suivant de la lettre de Max:"Heureusement qu'il existe un havre où l'on peut toujours savourer une relation authentique : le coin du feu chez un
ami auprès duquel on peut se défaire de ses vanités,..., un lieu où les égoïsmes sont caducs et où le vin, les livres et la conversation donnent un autre sens à la vie".

[NINI]

Pour moi ce livre dépeint, à travers l'histoire de deux amis, les dégats d'une idéologie, et le chemin qu'elle fait dans les coeurs et les esprits à leur insu, insidieusement, anihilant toute
parcelle d'honneur et d'humanité chez sa victime, sans qu'ils ne se remettent en question.

Je confesse avoir éprouvé un sentiment de justice quand la "saine vengeance" s'accomplit. C'est plutôt rare dans les romans qui traitent ce genre de sujet.

Enfin, j'admire Katherine Kressman, femme au foyer américaine, certes agrégée ..., qui écrit cette nouvelle dans un journal américain en 1938....

Un petit bijou d'une demi-heure dont il ne faut pas se priver

NINI

[Inès]

J'ai beaucoup aimé, moi aussi, ce court récit épistolaire. Comme je l'ai déjà dit dans le commentaire de Jours d'orage, sa lecture facile en a fait un objet d'étude avec mes Bac pro qui ne sont,
dans leur grande majorité, pas lecteurs et qui pourtant, celui-là, le lisent, ce qui est déjà en soit un signe ! Les discussions autour des personnages et de leurs choix sont toujours
intéressantes. Mais moi, je n'hésite pas entre les deux personnages ... Martin étant l'archétype, pour moi, de la laideur d'une époque, de la trahison et de la lâcheté. Reste l'interrogation
effectivement serions-nous (même sans verser dans cette bassesse) courageux face à la montée d'un extrémisme et aurions-nous choisi une vengeance aussi terrible ? Sa construction est remarquable et
la vengeance, machiavélique. Je trouve l'intitulé "intelligent" fort bien choisi !

[binh]

J'ai moi aussi adoré ce livre lu il y a qq années. ON arrive à la fin (c'est très court) et on a besoin de le relire, pour redécouvrir chaque phrase, mais en connaissance de cause.. tout prend un
sens bien plus grave et crucial!!!!
Un concentré d'humanité dans toute sa richesse et sa complexité.
binh