"à tous ceux que l'espoir a guidé sur les routes de l'exil et qui ont vécu de nostalgie"
Un deuil qui reconstruit l’histoire d'une famille entre Paris et Casablanca.
Tarek tient à Clichy un garage et travaille en France depuis trente ans. Il meurt brutalement à cinquante quatre ans en laissant désemparée Djabila. Ensemble, ils ont trois fils ayant parfaitement réussi leur intégration -au sens social du terme et comme nous le jugeons en France, c'est à dire professionnellement. C'est avec surprise qu'ils apprennent les dernières volontés de leur père : être enterré à Casablanca et que son cercueil y soit accompagné par Marwan.
Marwan, professeur d'Histoire et géographie au lycée, est le narrateur. C'est lui qui se racontant, nous décrit cette famille d'émigrés ; puis, découvre celle au Maroc et l'histoire d'un secret tu depuis deux générations.
Ce premier roman d'Olivier Dorchamps est vraiment réussi. D'abord, il touche (sans pathos) en évoquant avec pudeur le séisme de la perte d'un père. Ensuite, il rend hommage avec justesse (sans caricature) aux émigrés du Maghreb et au delà à tous ceux qui quittent leur pays pour offrir à leurs enfants une meilleure vie. Enfin, il raconte une histoire universelle et intime à la fois sur les secrets de famille.
Je me suis arrêtée souvent sur des pages aux descriptions très justes et celle-ci en particulier m'a beaucoup émue : "Papa ? Je ne sais pas pourquoi je m'adresse à lui. Peut être pour me convaincre qu'il ne répondra plus. Son corps est là, mais mon père est parti. Il ne parlera plus, ne rira plus, ne nous grondera plus, ne haussera plus les épaules, ne dodelinera plus de la tête en murmurant wouldi mon fils. ... Bientôt, son souvenir s'évanouira en milliers de moments accrochés dans nos mémoires et glissera dans l'oubli ; quelques photos que ses petits-enfants regarderont en demandant c'est qui ?..."
Les Musulmans ont des rituels pour dire Adieu aux défunts, le dernier a lieu quarante jours après l'enterrement. C'est sur cet événement que se clôt le récit. Une belle histoire !
Inès-Marie